19 mai 2022

Sauvons le tombeau du peintre André-Charles COPPIER

André-Charles Coppier est né à Annecy en 1866. Fils d’un modeste cordonnier de la rue Sainte Claire, il fit preuve d’un talent précoce et remarqué pour les arts graphiques.

En 1891, doté d'une bourse de voyage du Conseil supérieur des beaux-arts, il voyagea en Italie, aux Pays-Bas, en Angleterre et en Allemagne où il copia les plus grands maîtres du Moyen Âge et de la Renaissance. Il fut un graveur fort apprécié qui exposa notamment au Salon des artistes français et obtint plusieurs médailles.

Portrait d'André-Charles Coppier par Albert Besnard
Musée d’Orsay
 

Mais André-Charles Coppier est aussi connu pour ses ouvrages d'historien d'art consacrés à Rembrandt et aux artistes du xve siècle, ainsi que pour ses livres d'art : « Les portraits du Mont-Blanc », « Au Lac d'Annecy », « De Tarentaise en Maurienne ». Il est également l'auteur de divers écrits dont le catalogue raisonné de l'œuvre gravée d'Albert Besnard.

C'est du reste sa grande maîtrise de la gravure, qualifiée de « scrupuleuse et intuitive », qui le fit remarquer et le hissera au rang des plus grands graveurs français, contribuant à faire de cette discipline une science exacte s'appuyant sur une recherche rigoureuse, scientifique et historique.

Sa très grande érudition, qu'il cultiva au cours de ses nombreux voyages, en fit une des personnalités éminentes de l'Histoire de l'art du début du XXe siècle.

Il est décédé le 30 septembre 1948 à Talloires, village où il a été inhumé.

Si Coppier fut un critique d’art, un graveur et un artiste peintre de valeur internationalement reconnue, en même temps qu’un talloirien fervent promoteur de la renommée de son village, l’objet de ce blog n’est toutefois pas de faire sa biographie mais de déplorer et d’alerter sur l’état de sa tombe qui, comme nos photos en témoignent, est aujourd’hui dans un état de profond délabrement.

 


 

La remise en état de cette tombe incombe certes à sa famille mais celle-ci n’est pas connue. L’ADEPT voudrait donc, par une démarche publique, tenter de retrouver les descendants du peintre et les alerter. 

Ainsi invite-t-elle toute personne possédant des informations permettant de les identifier et d’entrer en contact avec eux, à nous les communiquer.

Alors pourrions-nous leur proposer aide et soutien pour restaurer ce tombeau et préserver ainsi la mémoire de l’artiste. Ce serait une juste reconnaissance envers celui qui a laissé en héritage une œuvre écrite et graphique montrant son profond attachement à notre village et le lien qui a pu se développer entre sa vie parmi nous et une partie significative de son œuvre artistique, au sein de laquelle il a lui-même inclus la réalisation de sa magnifique demeure de style florentin.

Cette villa pieds dans l’eau, adossée au Roc de Chère, baptisée « La Pergola », construite dans la baie de Talloires, bénéfice d'une situation exceptionnelle. Coppier la considérait comme son véritable chef-d’œuvre.

Chacun peut l’admirer en empruntant la passerelle reliant le chemin des Moines au sentier pittoresque grimpant au sommet du Roc de Chère par la grotte aux oiseaux.

Photo noir et blanc de Coppier et sa famille posant devant « La Pergola »
(collection privée)

Ainsi détaillait-il sa demeure en 1934 dans le n°5, 3ème année, page 10, de la revue bimestrielle « L’Arcade » dont nous reproduisons ici quelques extraits :

« C’est ma pergola de Chère qui reste mon œuvre de dilection et comment elle m’apparaît aujourd’hui – tel un beau cadre autour d’une toile satisfaisante – comme cette « Récompense » dont Corot ne s’accordait la joie que pour ses paysages dignes d’être achevés ».


« Et cependant, sitôt que mes travaux pour les grands éditeurs d’estampes d’Angleterre et des Etats-Unis m’eurent assurés quelques annuités suffisantes, je jetais mon dévolu, au ras du lac sur un terrain affreux – tout en ronces et en pousses sylvestres - où la rumeur publique affirmait avoir vu grouiller autant de nœuds de vipères qu’il y avait de genévriers envahisseurs.
C’était en 1904. Le vieux renard qui le vendait n’était pas si sot que ses compatriotes. « Ce n’est pas un terrain, disait-il, c’est une situation ! Je vends le Nice de la Savoie ! ». 

En dépit de l’insistance de ses amis, André Theuriet, alors en séjour à l’hôtel Beau Site, et Geneviève Taine, pour le faire renoncer à y construire, rien n’y fit et Coppier de conclure : 

« Aujourd’hui j’y vendange du fin chasselas ; j’y vois mûrir des figues et des grenades en pleine terre, près d’une avalanche de fleurs ; et – qu’on le veuille ou non – j’ai forcé l’opinion publique à reconnaître que c’est précisément là le plus beau lieu du lac et l’un des plus beaux lieux du monde ».

Nombre d’œuvres peintes de Coppier expriment mieux que tout sa passion pour Talloires.
Nous en reproduisons ci-dessous quelques-unes, extraites de son livre « Au Lac d'Annecy »,
édité à Chambéry, en septembre 1923, par la librairie DARDEL.

Elles sont comme autant de cartes postales que Coppier continuerait à nous envoyer !

"Matinée d'août à Talloires"

"Baigneuses"

"La barque à voile"

"Le grand Perthuis"

2 commentaires:

JLC a dit…

Il est assez triste de constater que cet article ne suscite aucun commentaire.

Stephen Kinloch Pichat a dit…

Il ne sera pas dit que cet article n’aura suscité aucun commentaire ! Grace à Monsieur Félix Révil, ainsi que Messieurs les Professeurs Pierre et Henri Comte, qui ont réussi à retrouver ma trace, je suis heureux de vous faire savoir que l'un des descendants d'André-Charles Coppier a pris en charge les réparations de la tombe. J’en suis d'autant plus soulagé que, ne l'ayant pas retrouvée lors de mon dernier passage, j'avais craint qu'elle eût disparu pour toujours... Merci aussi aux amoureux du patrimoine de Talloires, et a l’Association de défense du Patrimoine de Talloires de s'en être soucié et d'avoir ainsi perpétué la mémoire et l’œuvre du peintre et graveur.