Il serait injuste, et vraiment trop réducteur de n'associer au nom de Berthollet que la "découverte" de l'eau de Javel.
En effet, sitôt diplômé médecin de l'Université de Turin, il émigre à Paris en 1772 et pour satisfaire son insatiable curiosité, suit des cours de chimie au Jardin des Plantes et à l'Académie des Sciences.
Grâce aux revenus de ses fonctions médicales auprès du Duc d’Orléans, il peut fonder un petit laboratoire où, dans un premier temps, il va répéter les expériences menées par Lavoisier entre autres, et faire ses premières publications ; notamment sur l'acide tartrique (1776) et sur l'ammoniac (1778).
Élu à l'Académie des sciences en 1780, il intègrera alors un groupe de chercheurs dirigé par Lavoisier.
Nommé directeur de la Teinturerie de la Manufacture des Gobelins en 1784, il publiera un manuel de la teinture posant les bases scientifiques de cette activité et améliorant la fixation des colorants. Il découvrira les propriétés de blanchiment du chlore, réussissant à stabiliser ce gaz dangereux en l'oxydant et en le salifiant, ce qui permettra de l’utiliser sans danger dans des processus industriels et pour des usages domestiques sous le nom d’eau de Javel ; nom provenant de l’adresse de l'usine où elle sera fabriquée : quai de Javel à Paris.
Au sein du groupe de Lavoisier il collaborera à la publication de la première nomenclature chimique en 1787 et participera aux travaux sur l'affinité chimique, propension qu'ont deux entités chimiques à se combiner. Il s'intéressera aux réactions acide - base qui l'amèneront à travailler sur l'hydrogène sulfuré, l'acide nitrique et l’acide cyanhydrique.
Après la Révolution, la Convention le nommera à l'Arsenal avec comme mission première de fournir au pays le salpêtre (nécessaire à la fabrication de poudre à canon) qui ne pouvait plus être importé d'Inde du fait du blocus imposé par les coalisés. Il dirigea la collecte du salpêtre (nitrate de potassium) après lessivage des murs des caves et sa purification.
Ci-contre : Document du Comité de salut public de la Convention demandant que soient fournis à Monge et Berthollet tous les objets dont ils auraient besoin.
Grâce à ses travaux antérieurs sur l'ammoniac, Berthollet mettra au point le nitrate d’ammonium au pouvoir explosif plus important encore et complétera ses découvertes par la préparation du chlorate de potassium explosif très puissant lui aussi.
Au sein de l'Arsenal, en collaboration avec Monge et d'autres savants, il s'intéressera à l'amélioration des aciers pour la fabrication des canons.
Connu de Napoléon pendant la campagne d'Italie, il fit partie des 150 scientifiques et artistes emmenés avec lui en Égypte.
L'observation de l'échange entre le sel (chlorure de sodium) et le calcaire (carbonate de calcium) dans le lac Natron, l'amènera à écrire son essai de statique chimique (1803), étant le premier à définir les notions d'équilibre chimique et d'action de masse. Il définira ainsi les règles dites de Berthollet qui seront la première contribution sérieuse au problème de la prévision des réactions chimiques.
Grâce à Napoléon, qui l'avait nommé Sénateur à vie, il fonda avec Laplace la société d'Arcueil, finançant l’installation d’un laboratoire où il rassembla des scientifiques de diverses origines tels : Laplace, Chaptal, Humbolt, Gay-Lussac, Biot, Cadolle et Poisson.
Ci-contre : La maison d’Arcueil
Au cours de sa vie, Berthollet a été employé successivement par le Duc d'Orléans, la Convention, le Directoire et Napoléon ce qui a amené d'aucuns à le traiter de « girouette ».
En fait, n’ayant pas la fortune de Lavoisier qui fut Fermier Général sous Louis XVI, il a utilisé le seul moyen qu'il avait à sa disposition pour financer ses recherches.
Cela reste vital pour les chercheurs, aujourd'hui encore, et les amène à coopérer avec des industriels ou à rechercher des mécènes, y compris dans le public, pour financer leurs recherches.
Texte rédigé par Bernard CHATENET
Vous pouvez prendre ou renouveler votre cotisation à l'association. Un email à contact@adept.asso.fr et nous vous adresserons le formulaire d'inscription. Le coût s'élève à 15 euros par an (20 euros pour un couple) et permet de bénéficier d'une déduction fiscale de 66%.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire