03 octobre 2020

Un risque de pollution du lac neutralisé

L'ADEPT A PROCÉDÉ AU RENFLOUAGE D’UNE ÉPAVE AUTOMOBILE DANS LE PORT DE TALLOIRES-MONTMIN

Jeudi 1er octobre 2020, l’ADEPT a organisé le renflouage de ce véhicule qui gisait depuis des dizaines d’années par 24 mètres de fond dans le port de Talloires, au large de la rampe de mise à l’eau des bateaux.

L'épave sur la rampe de mise à l'eau.. retour à la case départ ! ADEPT ©


La genèse du projet

A la suite d'un premier nettoyage des fonds lacustres que nous avions organisé en 2019, nous avons lancé l’idée quelque peu « farfelue » de sortir ce véhicule, bien connu des plongeurs, qui avait selon nous davantage sa place dans une casse automobile qu’au fond de notre lac. 

(c) Eric Wenger

L’idée a fait son chemin dans nos esprits et, fin mars 2020, nous avons décidé de lancer le projet.

Six mois de travail, d'enquête et d'études ont été nécessaires pour voir ce projet se concrétiser. Le tout piloté par notre vice-président Lionel.

L'enquête

La première phase, l'enquête s'est étalée sur mars et avril. Nous avons dû identifier et contacter les personnes, organismes, associations, et administrations susceptibles de vouloir laisser l’épave là où elle était : la Mairie de Talloires-Montmin, les Sapeurs-Pompiers, la Gendarmerie, la Préfecture, Annecy Lac Pêche, le SILA, la FFESSM 74, les plongeurs individuels... Une fois les bons interlocuteurs identifiés (ce fût assez fastidieux) et le projet présenté, aucun de nos interlocuteurs n’a été en mesure de justifier la présence de ce véhicule au fond du lac. Et pour cause : parmi les gens qui nous ont répondus, personne ne savait s’il avait été dépollué, mais au vu des films (présence des plastiques etc.) à peu près tout le monde convenait qu’il existait un risque de pollution et que, finalement, cette voiture n’avait pas grand-chose à faire à cet endroit. 

Les plongeurs de Sikoo Marine en action Noël Dupont ADEPT ©

La faisabilité technique

A partir du moment où personne ne s’opposait formellement au renflouage de cette épave (bien au contraire), et où nous avions obtenu l’accord de principe de la Préfecture (le lac est un domaine public géré par les services de l’État), nous avons procédé à la deuxième phase du projet : comment faire et à quel coût ? Cette phase a démarré aux alentours de la mi-avril 2020. 

La réalisation de ce type d'opération ne peut être confiée qu'à des entreprises spécialisées dans les travaux subaquatiques. Nous avons lancé une consultation à l'issue de laquelle l'entreprise SIKOO MARINE a été retenue au début du mois de juillet.

La peinture commençait à s'écailler.... 40 ans après ! ADEPT ©

Le financement

Comme présenté lors de l’Assemblée Générale de l’association le 14 août 2020, le budget prévisionnel de l’opération était de 3 124,84€ TTC. L’entreprise SIKOO MARINE nous a proposé une remise de 50% si nous acceptions de communiquer sur leur geste. C’est ce que nous faisons ;-) 

Par ailleurs, une demande de subvention de 1 250 € a été adressée à la Mairie de Talloires-Montmin. Sur cette somme, 1000€ étaient affectés au financement de l’opération de renflouage (le reste à d’autres travaux de réfection). Cette subvention nous a été accordée lors de la réunion publique du Conseil Municipal de Talloires-Montmin le 10 juillet 2020.

Après avoir envisagé un temps le lancement une souscription, nous avons finalement pris la décision de financer le reste (environ 800€) sur les fonds propres de l’association, essentiellement issus des cotisations des adhérents. 


Michel et Lionel (ADEPT), Annecy Pièces Auto et Didier SARDA, maire de Talloires-Montmin
ADEPT ©

Le renflouage

La date du 2 octobre qui a été retenue et déclarée en préfecture (arrêté préfectoral n°DDT-2020-1106).
Afin de localiser très précisément l’épave, et donc de perdre le moins de temps possible le jour du renflouement, nous avions décidé d’effectuer nous-même le repérage. Finalement, la Brigade Nautique d’Aix-les-Bains, qui a la compétence sur le lac, nous a proposé son concours. Ils ont profité de cette occasion pour réaliser leur enquête administrative afin d’autoriser la mise en destruction du véhicule.
Leur précieuse aide nous a permis d’économiser environ 200€ en location de matériel de plongée.

L’opération de renflouage à proprement parler devait se dérouler en 4 temps :
  • L’installation du matériel de relevage (ballons) par les scaphandriers de Sikoo Marine par 24 mètres de fond,
  • Le « décollement» du véhicule (possible effet de ventouse lié à la vase) et sa remontée progressive environ 2m sous la surface par Sikoo Marine,
  • Le remorquage du véhicule en direction de la rampe de mise à l’eau du port de Talloires-Montmin par Sikoo Marine,
  • L’extraction complète du véhicule et son enlèvement par une dépanneuse d’Annecy Pièces Auto.

Jeudi 1er octobre, veille de la date prévue, Sikoo Marine est venu préparer le renflouage : pose du système de relevage et essais de « décollement». Le véhicule s’est très facilement «décollé » du fond. En conséquence Sikoo Marine a entamé le processus de renflouage. Aux alentours de 16h30, les équipes de Sikoo Marine avaient fini leur travail : le véhicule était déposé sur la rampe de mise à l’eau du port de Talloires-Montmin prêt à être enlevé. 

A 19h00 l’entreprise Annecy Pièces Auto, qui avait été mandatée par l’ADEPT, est venue retirer le véhicule en vue de sa mise en destruction. 

 

 Noël Dupont - ADEPT ©

Remerciements

L’ADEPT tient à remercier toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin au succès de cette opération. Grâce à leur aide matérielle, financière, logistique, ou tout simplement grâce à leurs précieux conseils, toujours avec beaucoup de bienveillance, ce projet fût un succès : 

  • David VEYRAT-DUREBEX, de l’entreprise SIKOO MARINE pour sa large contribution au financement de cette opération et pour avoir réussi le renflouage avec succès et sans incident ! 
  • La Mairie de TALLOIRES-MONTMIN qui n’a pas hésité une seconde à nous apporter tout son soutien, notamment financier au travers d’une subvention.
  • L’Adjudant Olivier ZAEPFFEL, de la Brigade Nautique de la Gendarmerie d’Aix-les-Bains, pour ses précieux conseils, son aide logistique et sa bienveillance tout au long du projet.
  • Stéphane GRAND, de la Préfecture de la Haute-Savoie, qui par ses conseils avisés nous a grandement facilité la tâche.
  • Jérémy d’ANNECY PIÈCES AUTO, pour sa sympathie et sa réactivité quand il a fallu venir enlever l’épave.
  • Julien MICHEL, de PROFIL PLONGÉE, qui a soutenu logistiquement l’ADEPT lors du 1er nettoyage du port en 2019. Il nous a en quelques sortes « mis le pied à l’étrier » pour cette opération. Il nous a aussi guidé vers l'épave lorsque nous avions du mal à la localiser.

Et bien sûr les adhérents de l’ADEPT pour leur soutien moral, financier et parfois matériel ! 

ADEPT ©


Questions / Réponses

Depuis quand la voiture était-elle dans le fond ? 
Personne n’a pu répondre précisément à cette question. On nous a dit « au moins 30 ans » ou encore « plusieurs dizaines d’années » mais sans plus de précisions. La seule piste que nous avons pour répondre à cette question est la présence sur le pare-brise de l’épave d’une vignette automobile semblant dater de 1981. Nous supposons donc qu’elle a été mise à l’eau dans le courant de l’année 1981.

Pourquoi était-elle dans l’eau ? 
Accident ? Mise à l’eau volontaire ? Pour quelles raisons ? Nous ne le savons pas et probablement personne ne pourra jamais répondre à cette question (sauf l’ancien propriétaire mais qui est-il ?). Ce que nous avons constaté : la voiture était dans l’axe de la rampe de mise à l’eau des bateaux et elle était stabilisée sur un fond plat, à plusieurs dizaines de mètres du bord. Le frein à main était retiré. Il est donc probable que depuis la rampe de mise à l’eau, la voiture soit tranquillement descendue dans le lac en suivant le tombant, jusqu’à s’arrêter naturellement à peu près là où elle était localisée par les plongeurs.

Qui était le propriétaire ? 
En l’absence d’éléments d’identification (plaques d’immatriculation, portefeuille…) et de l’âge du véhicule, la Gendarmerie n’a pas été en mesure de retrouver son propriétaire. Une fois le véhicule sorti, nous avons réussi à localiser le numéro de châssis. Cette information, quand bien même elle serait exploitable, a été transmise à l’Adjudant Zaepffel. Mais en raison de l’âge du véhicule, et dans la mesure où il est parti en destruction, cette information n’a plus grand intérêt.

Avez-vous trouvé quelque chose dans la voiture ?
Principalement de la boue et de l’eau ! Le coffre était ouvert et ne contenait rien. Rien non plus dans l’habitacle. La boîte à gants était restée fermé pendant toute la durée de l’immersion et nous l’avons ouverte. Elle contenait la notice du véhicule, mais celle-ci était dans un état de décomposition avancé (papier). 
 
Ce véhicule n’aurait-il pas pu servir de refuge à la faune ?
Personne ne nous a vraiment convaincus à ce propos. Le véhicule était assez peu colonisé par les mollusques. Dans la mesure où personne n’était en mesure de nous assurer qu’il avait été dépollué et qu’il ne présentait plus aucun risque pour l’environnement, nous avons considéré que le rapport bénéfices/risques de le laisser immergé, était très défavorable.

Existait-il un risque de pollution ?
OUI ! Le véhicule contenait encore du carburant et de l’huile moteur. La batterie était encore présente (acide sulfurique). En outre la peinture commençait à se désagréger et à tomber en paillettes dans la vase et les algues. L’acier commençait lui aussi à se perforer. Pour finir, les plastiques et autres mousses se décomposaient lentement, relâchant dans l’eau du lac de petites particules très certainement nocives pour les poissons qui les ingèrent et notre santé (l’eau potable du bassin annécien est prélevée dans le lac).
 
Le renflouement a-t’il causé une pollution, même mineure, du lac ?
NON. C’était le gros inconnu et donc le plus gros risque. Toutes les précautions avaient été prises. Par chance nous n’avons pas eu besoin d’utiliser le matériel prévu (couvertures absorbantes, barrage flottant, sciure, etc.).

L’ADEPT envisage-t-elle d’autres actions de ce type ?
Nous pérenniserons nos opérations annuelles de nettoyage « léger » des fonds du lac. La dernière a eu lieu lors du World CleanUp Day, le 19 septembre 2020. Une opération comme le renflouement de la BMW nécessite beaucoup de travail et d’investissement. Il est trop tôt pour se prononcer, mais une fois que nous nous serons reposés, pourquoi pas ? Et comme nous disions à nos interlocuteurs : « Existe-t-il une bonne raison pour ne pas le faire ? » ;-)
 
Envisagez-vous le renflouement du bateau le FRANCE ?
Évidemment que non ! Un bateau a sa place dans le lac, pas une voiture. Au contraire, les plongeurs de l’ADEPT seraient ravis de s’y rendre car certains d’entre nous n’y sont toujours pas descendus !

Quel a été le budget final ?
Au final l’opération devrait coûter précisément 2 874,84€ financés comme suit :
- SIKOO MARINE : 1 362,42€
- ADEPT : 1 512,42€ (dont 1 000€ de subvention communale)
 
Doit-on dire « renflouage » ou « renflouement » ?
On n’a jamais vraiment cherché à comprendre la différence ! Si quelqu’un peut nous expliquer on est preneurs, mais à vrai dire, ça ne nous a pas gênés ! ;-) 

RAPPEL
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Vous pouvez prendre ou renouveler votre cotisation à l'association. Un email à contact@adept.asso.fr et nous vous adresserons le formulaire d'inscription. Le coût s'élève à 15 euros par an (20 euros pour un couple) et permet de bénéficier d'une déduction fiscale de 66%. 
Bien évidemment les adhésions sont possibles pour tous les résidents (principaux et secondaires) du bassin annécien. Vous pouvez aussi adhérer par Internet en cliquant sur le bouton ci-dessous.


Généré par HelloAsso

2 commentaires:

Eve TerresVermeilles a dit…

Quelle belle opération ; merci pour ce très bon reportage. Ah, si cette BMW pouvait parler... Je me suis prise à rêver... Merci !

Lorry_Handler a dit…

Je suis désolé mais à mon sens cette opération est contre-productive pour l'environnement car vous avez supprimé une hypothétique pollution aquatique mais vous avez créer une pollution atmosphérique en consommant des hydrocarbures et donc en dégageant des gaz à effet de serre avec le véhicule de dépannage, la barge ainsi que le compresseur, sans compter que la finalité de la filière des véhicules hors d'usage est destiné à la destruction et non pas aux démantèlement... vous avez tout simplement créer un déchet non recyclable, celui-ci était sorti du cycle production démantèlement depuis 40 ans, et même si votre intention était de préserver la qualité de l'eau du lac d'Annecy je vous rappelle que celui-ci est contourner par diverses route et que chaque véhicule qui circule déverses quotidiennement des résidus de pneumatique, d'hydrocarbure de lubrifiant, ceux ci finissent dans le lac à chaque phénomène pluvieux. Avez-vous consulté un collège de scientifiques et fait une étude d'impact sur l'environnement sur cette action???