29 août 2007

Commission paysage et environnement de l’ADEPT


I. Introduction, état des lieux :

La commune de Talloires attire une population sans cesse croissance en raison de ses atouts environnementaux et touristiques.

Perle du lac d’Annecy, le village et ses différents hameaux subissent une pression urbanistique de plus en plus forte. La qualité de vie, la proximité d’Annecy, l’évolution des moyens de communication et l’Europe ; tout cela stimule et influence le devenir de la commune.

Les constructions des cinquante dernières années ont marqué une rupture très forte avec la structure des hameaux existants, tant par leur style que par leur implantation.
Jusqu’en 1980, l’harmonie de la commune était évidente. La vision de ces petits villages compacts reliés pas les prairies et les champs - poumons de la vie locale et socle de l’agriculture- était le fruit du mode de vie agraire des habitants.

Cette concentration de maison de pays allait de soi. Les terres arables, les fonds de vallées, les coteaux bien exposés étaient réservés aux cultures et à l’élevage.
Dès le 19ème siècle le tissu social s’est enrichi d’une population de villégiature, surtout dans le bourg, la deuxième moitié du 20ème siècle a vu une nouvelle population s’implanter sous l’action du développement industriel et touristique et a provoqué l’explosion des coutumes ancestrales.

Jusqu’à présent, les différents POS ont encadré le développement des constructions, mais le résultat laisse trop souvent à désirer.
Les constructions disparates, hétéroclites nous font craindre que Talloires ne se développe en espace péri-urbain. Trop souvent les façades des constructions, le revêtement des balcons et les couvertures de toitures contrastent et choquent au sein du paysage.
Ce mitage de la commune provoque à terme une fermeture de l’espace.

La densité de plantation des végétaux d’ornement, dont la gamme variétale pourra être débattue à l’avenir, contribue largement à cette fermeture du paysage. Cette concentration verrouille les axes de vue. La recherche d’intimité de chacun implique le recours aux haies et aux écrans, oubliant de considérer le développement des végétaux à leur stade adulte.

Par ailleurs nous observons une avancée très nette de l’espace naturel. Les lisières de forêts, les coteaux broussailleux se développent et gagnent sur les prés et les alpages.


II. Perceptions visuelles de la commune et du bâti :

Vue du lac :
Le verrou d’origine glaciaire que représente le Roc de Chère protège le village des vents du Nord. Avec la presqu’île d’Angon et Balmettes, le bourg occupe partiellement le plateau littoral oriental du lac. Le coteau Nord-Nord-Ouest du village, construit au XXème siècle, s’est couvert de villas sans homogénéité architecturale. Le balcon « sur le vivier » laisse apparaître un premier rang de maisons individuelles. Au 1er plan et plus en retrait deux anciens hôtels transformés en appartements, barrent le paysage et entachent l’écrin tant admiré. Cette perle des pré-Alpes est certie dans un décor d’eau, de forêts et de montagnes, créant une infinie harmonie de couleurs et de lignes.

En empruntant les axes routiers, une autre vision féérique de Talloires s’impose, au virage des Granges, lorsqu’apparaît le panorama le plus célèbre de la commune : une magnifique dépression au pied des montagnes des Bauges, apaisée par le petit lac alpin.
Les récentes empreintes de l’activité humaine ne suscitent malheureusement pas le même engouement général. Sur le plateau de Perroix la petite zone artisanale étriquée et disharmonieuse, appuyée depuis peu par des constructions récentes contraste avec les hameaux de Perroix. Son patrimoine vernaculaire et la qualité de ses restaurations en fait une référence. La construction de petits ensembles adossés au hameau existant n’a pas été réalisé avec la même réussite ; l’exemple de Ramponnet et celui sous l’église de Menthon St Bernard sont de bien meilleure facture.

L’ambiance qui règne au cœur des Granges séduit plus encore. Les bassins, créant un espace sonore, le traitement minéral des circulations, le respect de l’harmonie lors des restaurations : autant d’éléments appréciés. Le coteau des Granges reste troublé par les cheminées envahissantes de Soleil Bleu et par des mobil-homes mal implantés et sans intégration paysagère.

Echarvines, très tôt amputé de son lavoir, n’a pas su préserver l’ambiance de Perroix, des Granges ou du cœur d’Angon. On observe chemin des Fontaines une inquiétante barre bétonnée composée de 3 villas jumelées + garages : véritable amputation du coteau.
Balmettes et son immeuble « acharné », à la construction interrompue.
Angon et Echarvines et leur armée de panneaux publicitaires.

Le plateau de St Germain à l’ambiance rurale et montagnarde représente le secteur de la commune le plus préservé. On mesure là, l’importance de l’agriculture qui, bien que fortement régressive a su et sait encore préserver, entretenir ces espaces.
Les coteaux, prés, champs, bosquets, torrents et hameaux s’intègrent en une quasi-parfaite harmonie. Des constructions en ossatures bois, les chalets savoyards contrastent cependant avec les bâtisses aux deux pans coupés.
PLATEAU A PRESERVER !

En prenant de l’altitude, le paysage est entaché des multiples épicéas qui ont péris sous l’action de l’insecte : Bostryche + conjugué à la sécheresse. Un nettoyage des parcelles communales et privées est capital et urgent pour protéger la forêt et supprimer ces taches brunes et à l’impact visuel négatif.
Par ailleurs, vu d’une certaine altitude, le parking « Excoffier » apparaît comme une entaille à l’harmonie du bourg de Talloires.


III. Propositions :

III.1. architecture et patrimoine :

Secteurs de respect architectural : les hameaux et leurs abords directs, le bourg, le plateau de St Germain. Les constructions respecteront et s’inspireront des maisons traditionnelles :
v Couleurs des crépis, des bardages et des toitures
v Matériaux à utiliser
v Matériaux exclus
v Proportions des toitures

Secteurs permettant les constructions contemporaines : Le coteau des Granges, la presqu’île d’Angon entre le CD 909 A et le lac ; les coteaux du Thoron et sur Nord-Est du CD 909 A, Echarvines au Nord-Est du CD 209 A.

Une étude architecturale dirigée par la mairie pourra être menée pour analyser, répertorier et définir les éléments structurels, esthétiques et ornementaux qui composent les hameaux : orientations des façades, décrochés de toits, circulations piétonnes, cours et jardins, granges et garages, placettes, fontaines et lavoirs etc…

Cette étude sera alors le fil conducteur pour intégrer toute nouvelle construction, y compris les petits ensembles. La couleur des nouvelles tuiles du prieuré lors de sa restauration aurait été choisie avec plus de réussite.

Le style de mobilier public, la signalétique, les barrières de protection devra s’adapter selon l’implantation géographique dans la commune –montagne ou littoral-

III.2. Les voies de communications et les centres de convivialité :
La place du piéton devra être au centre de tout développement. La création de la voie cyclable ne devra pas stériliser l’ensemble de la rive du lac, les baigneurs ne devant pas être exclusivement orientés vers les plages aménagées.

L’aménagement du port de Talloires devra éviter les matériaux contemporains et s’imprégner des couleurs des falaises et des montagnes, l’abbaye et son classicisme devant imprégner le projet. La construction d’un kiosque à musique sera associée à de nouveaux sanitaires et à une « boutique » communale de vente de glaces et de boissons non alcoolisées ouverte en période estivale.

Le stationnement des voitures pourra être organisé à la périphérie des hameaux et du bourg .Exemple : Aux Echarvines : le parking central pourra être transformé en lieu de convivialité avec la reconstruction du lavoir, la création d’un espace destiné aux fêtes du hameau, au jeu de boule, au repos etc…

L’ombrage et l’encadrement des parkings, notamment le parking Excoffier, réduira l’impact visuel des véhicules.

L’accès au plateau de St Germain, offrant des belvédères magnifiques, sera amélioré, les vues seront mieux encore dégagées, les plateformes seront aménagées afin de mieux recevoir les visiteurs et augmenter leur fréquentation.

Un inventaire complet des sentiers communaux, des forêts et des campagnes sera établi et cartographié. Les murets ancestraux en pierres seront dégagés, le réseau piéton champêtre sylvicole et montagnard sera unifié et bien entretenu.
Des documents didactiques, ludiques et pédagogiques, accessibles à l’ensemble de la population mettront en lumière la faune, la flore et les histoires du pays.

Une navette communale pourra relier les hameaux entre eux , les parkings périphériques avec le bourg ,le port , les résidences de type MGM , les espaces baignades ( Angon , bord de piste cyclable…) …. et limiter le flux des voitures durant la saison estivale : l’accès au bourg pourra alors etre réglementé ( proposition en annexe )

III.3. La place du végétal :

VISION :
Une harmonisation liée à un équilibre des couleurs (taches foncées..) et des plantations (domaine de la foret, des coupures vertes, des fleurs …).

DETERMINER DES ZONES PRIORITAIRES
Certaines zones pourront faire l’objet d’une politique volontariste : celles qui cumulent les risques ou handicaps :
Par exemple la zone qui va du port et de la promenade des Moines au haut du Roc de Chère .( aménagement du port , accès sécurisé des piétons , coupures vertes pour permettre à la fois une harmonie vue du lac ou du port et la vue sur le lac ).

MISE EN PLACE DE REGLES
L’instauration d’une réglementation quand à l’utilisation des végétaux n’a de sens que si des outils concrets d’information sont accessibles aux habitants. Des listes détaillées de végétaux interdits seront suivies de listes détaillées d’essences conseillées. Un volet paysagé sera joint à toute demande de construction. Une force de contrôle municipal veillera plus efficacement que par le passé au respect de la réglementation communale.
Quelques pistes :
Le plateau de St Germain devra être planté d’essences dont la couleur s’harmonisera avec le milieu. Seront exclus les cèdres, séquoias, arbres caducs de couleur rouge foncé, les conifères de couleur bleuté.

Pour les végétaux dont la taille adulte est supérieure à 7 mètres leur distance de plantation entre eux sera égale à leur hauteur à ce stade adulte.
Les arbres dont la taille adulte est supérieure à 20 mètres ne devront pas excéder 1 unité par 500m² de terrain.


IV. Organisation foncière et conclusion :

Le gel de parcelles à la construction ne sera efficace et durable que si un système est mis en place pour dédommager les propriétaires fonciers frappés par cette disposition.
Le transfert de C.O.S. en fait parti mais il ne constitue pas en soi un système.
La collaboration avec des cabinets conseils en architecture et des économistes pourra apporter des solutions à cette protection de l’environnement.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Que de judicieuses et séduisantes propositions ... mais combien se concrétiseront-elles réellement sur le terrain ?